Bucarest, le 26 janvier 49 Mon très cher Victor, Sans connaître les raisons profondes ou apparentes du conflit, je suis certain, je suis absolument certain que ta séparation de Dédé est la concrétion malheureuse d’un marasme théorique beaucoup plus générale qui engage d’un seul coup l’universele et l’insuportable. Ayant entendu de votre conflit à l’occasion de l’exclusion de Matta, j’espérais alors (je l’espère encore) qu’il ne s’agissait que d’un conflit passager, secondaire, d’un simple malentendu et non d’une séparation. Même aujourd’hui je refuse de croire que votre séparation est objectivement définitive. Et je refuse d’y croire parce que subjectivement ma confiance va également vers toi et Dédé et parce que, // quelque fois, j’ai confiance dans l’objectivité de ma subjectivité. Excuses ces mots, cher Victor, et si je me mêle dans tout cela c’est parce que je ne me mêle que dans ce qui me regarde et parce que ce sont mes propres erreurs qui se mêlent dans les erreurs de vos erreurs. Toute en reconnaissant l’erreur à (…)ique et fatale de mon intervention inutile, je suis certain que ce conflit est une des plus graves défaites poétiques de notre époque antipoétique et (…)able. Toute en attendant la réconciliation de celui qui est actuellement porté vers l’extérieur et de celui qui est porté vers le contraire de l’extérieur toute en attendant // la réconciliation éruptive de vos deux langages personifiés toute en attendant l’apparition instantanée d’un grandiose piano-violon de l’esprit je t’embrasse mon très cher ami, je t’embrasse, Luca // [verso] J’ai rêvé toute la journée autour de ton exposition invisible Très beau le catalogue Subjectivement pourtant je regrète énormément tes non-relations amicales avec Nadine et Hérold [vertical] LA RENCONTRE DE LA MAMALOGIE ET DE MON POÈME CENTRIFUGE M’A FAIT PLAISIR Jacqueline chérie, te rappelles-tu ?