15 avril 2007 : Saint-Jean-de-Barrou. Au milieu des Moyennes Corbières Orientales, la plaine de Saint-Jean-de-Barrou n'avait pas trop attiré les botanistes. Pourtant elle offre une grande variété géologique favorable à une bonne diversité végétale. Nous partons du col de Canteloup sur la route de Villeneuve et suivons la piste qui fait le tour du Pech Bedel. Comme au col d'Extrême le terrain est constitué de schiste et grès de l'ordovicien. En dehors de reboisements plutôt malvenus, il s'y développe une végétation arbustive de maquis : cistes à feuille de laurier et de Montpellier, bruyères arborescentes et à balais, romarin, genévrier cade, lavande stéchade, immortelle d'Italie, hélianthème à gouttes... Ce qui n'empêche pas la présence de plantes peu silicicoles comme le buis, le chêne kermès, la dorycnie, ou indifférentes comme le pistachier lentisque et la coronille de Valence. Nous ne reconnaissons pas aussitôt une génistée que nous avions pourtant déjà vue à la Pinède de Durban en 1997, Genista monspessulana, avec ici seulement quelques pieds fleuris. Etonnant aussi de trouver Juncus conglomeratus dans une petite zone humide. Le pin maritime est rare alors qu'il est assez commun vers le col d'Extrême, de même on note l'absence de l'adénocarpe. Le mimosa de Nice (Acacia dealbata) a tendance à se naturaliser et il faudra surveiller son extension dans tout ce secteur siliceux. L'après-midi, partant de la cave coopérative du village, nous nous dirigeons vers le nord-ouest jusqu'à la colline de Montcoulieu. Les terrains sont du trias avec marnes et calcaires dolomitiques. Ils accueillent une végétation basse avec d'anciennes friches à chêne kermès, santoline, euphorbe de Nice, astragale de Montpellier, liseron rayé... Au pied de la colline, une belle population très recouvrante du rare Lathyrus clymenum à la belle fleur bicolore. Non loin de là, la tulipe australe étale de spectaculaires corolles jaunes. 13 mai 2007 : Palairac. Le secteur de Palairac dans les Hautes Corbières Centrales manquait de prospections. Une grande partie étant située sur terrains siliceux, on pouvait espérer y faire quelques découvertes. En effet notre journée qui s'est déroulée uniquement sur ce type de substrat a été très riche en nombre d'espèces. Par le sud du village nous montons au col de l'Espignasse puis rejoignons le col de la Gineste en contournant le Pech de la Bade par l'ouest. C'est un maquis plus ou moins ouvert de chênes verts, calicotomes, bruyères arborescentes et à balais, cistes de Montpellier, genêt poilu, lavande stéchade mais aussi de buis. Avec d'autres espèces caractéristiques des terrains siliceux comme andryala integrifolia, filago vulgaris, helichrysum italicum, logfia gallica, alyssum simplex, trifolium hirtum, plantago holosteum, veronica officinalis, anthoxanthum odoratum, micropyrum tenellum. Dans les prairies le trèfle incarnat domine. En bord de piste vers le col de la Gineste, un trèfle en touffe nous laisse perplexe. Il sera déterminé comme étant le très rare trifolium leucanthum, c'est une redécouverte (signalé par Timbal-Lagrave à Laroque de Fa). Du col vers Palairac, nous empruntons la route de Quintillan. Sur les rochers le rare dianthus pyrenaicus, et en bord de route scandix australis en limite d'aire, puis opopanax chironium, belle ombellifère assez rare en dehors de la région de Carcassonne. Nous continuons l'après-midi, avec le soleil qui fera son apparition, en montant au château de Palairac. Sur le chemin des annuelles assez rares, orlaya daucoides et rhagadiolus edulis aux fruits lisses. Vers le col de la Croix de Pierre quelques pelouses rases à teesdalia coronopifolia et trifolium striatum mériteront une visite précoce pour y chercher des gagées. Puis nous descendons en faisant le tour du Pech de Gril. Quelques nouvelles espèces silicicoles, cistus salviifolius, xolantha guttata, trifolium subterraneum (ce sera la seizième espèce de trèfle pour cette sortie !). 17 juin 2007 : Quirbajou. La partie est des Pyrénées audoises est encore largement sous influence méditerranéenne. Dans la vallée du Rébenty, c'est en amont des gorges de Joucou que cette influence se fait plus discrète. Le secteur de Quirbajou qui servira de cadre à notre herborisation se situe à l'extrémité est du plateau calcaire de Sault. Dans l'Aude, le climat méditerranéen n'est pas seulement caractérisé par la chaleur, le vent desséchant de secteur nord et des forts contrastes thermiques. Le vent marin, mal aimé (“marinade” ou pire “marinasse”), amène l'humidité de la Méditerranée. Il entraîne douceur et très faibles variations thermiques, atténuant ainsi les rigueurs du climat méditerranéen. Vent de basse altitude, il est canalisé par le large couloir des bassins de Lézignan et Carcassonne, il envahit aussi la Montagne Noire orientale. Il pénètre plus difficilement les Corbières plus massives et aux vallées d'orientations variées. Si bien que la moyenne vallée de l'Aude, de Limoux à Quillan, échappe le plus souvent à son influence. En amont d'Axat, en particulier à partir du confluent Aude-Aiguette, il est bloqué par le Bac Estable et la montagne de Crabixa. La vallée de la Boulzane, orientée est-ouest en aval de La Pradelle et ouverte sur les Fenouillèdes, laisse bien passer le vent marin.