La richesse de la Flore des Pyrénées a souvent attiré les botanistes dans nos montagnes, et longue serait la liste des espèces intéressantes que nous pourrions signaler. Fort heureusement pour nous, le savant professeur de la Sorbonne, M. Bonnier, a communiqué au Congrès de Paris de l'Association française (septembre 1892) un résumé excellent de ce que l'on sait aujourd'hui de la distribution des espèces pyrénéennes, et il a bien voulu nous autoriser à puiser dans son travail les détails qui suivent. Les diverses régions botaniques dans les Alpes et dans les Pyrénées. On a observé la distribution relative de toutes les plantes, et ce sont même souvent les espèces les plus répandues qui fournissent les résultats les plus remarquables. La nature géologique du sol, son exposition, et le climat général de la région, sont partout à considérer. Il faut d'abord mettre à part la partie des Alpes françaises et les parties des Pyrénées qui sont comprises dans la région méditerranéenne ou dans la région de l'ouest. Dans les Alpes, le pin maritime et le pin d'Alep, ainsi que la culture de l'olivier, caractérisent suffisamment la région méditerranéenne (i). Il en est de même dans les Pyrénées Orientales, où on peut la considérer aussi comme caractérisée par le chêne-liège, qui s'étend jusqu'à Tardets et Saint-Jean-Pied-de-Port, caractérisée par le chêne Tauzin (2) ou, plus près de la mer, par le chêne occidental. Une bruyère, le Daboecia polifolia, est aussi presque exclusive à cette région. Ces deux régions mises à part, le reste de la flore des Pyrénées et des Alpes présente des caractères communs si frappants qu'on ne saurait en déterminer les régions que par les zones d'altitude relative. Ce sont, d'une manière générale : La zone inférieure des montagnes, qu'on a appelée aussi zone des vallées profondes ou zone des cultures, et qu'on pourrait appeler le plus souvent zone des chênes. Le Quercus robcr y est, en effet, répandu d'une manière générale. Parmi les arbres, c'est aussi dans cette zone qu'on trouve l'aulne glutineux, le peupliernoir, le saule Marsault, le saule blanc et le noisetier, arbres qui ne dépassent presque jamais la limite inférieure des forêts de sapins. On peut citer parmi les espèces très répandues, limitées à cette zone à la fois dans les Alpes et dans les Pyrénées, les plantes suivantes : (i) Il faut excepter le-petit cantonnement de Quercus Tozza, qu'on trouve aux environs de Montlouis. 2° La zone subalpine, dont le sapin blanc (Abies pectinata) est l'arbre commun aux Alpes et aux Pyrénées le plus caractéristique, s'étend au-dessus de la région précédente jusqu'à la base des hauts pâturages alpins. C'est là que dominent le hêtre, le bouleau et le pin sylvestre, ainsi que le sureau à grappes, le sorbier des oiseleurs, le cerisier à grappes et l'orme des montagnes. On ne trouve presque plus de cultures dans cette zone, sauf quelques rares champs de pommes de terre ou d'orge. Parfois la zone subalpine peut être déterminée au moyen des arbres précédents lorsqu'elle est occupée- exclusivement par des prairies ou par des rochers qui relient, en apparence d'une manière insensible, la zone inférieure à la zone alpine : c'est ce qui se produit souvent sur les versants très abrupts ou sur ceux qui sont exposés au sud.